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Série Noire | Ma première exposition
Série Noire | Ma première exposition
Cet article a plusieurs objectifs. Tout d’abord, vous expliquer le cheminement qui m’a amenée à présenter cette exposition puis vous partager mon ressenti sur cette aventure passionnante et effrayante à la fois. Vous trouverez à la fin de cet article les tirages sélectionnés pour “Série Noire”. Mon début d’expérience pourra peut-être donner des idées à d’autres artistes ou bien nous amener à échanger sur nos parcours et nos projets.
Alors quand et comment passer de l’envie à la réalisation ?
Une envie sous-jacente
Pouvoir exercer la photographie à temps plein me permet d’aller plus loin dans ma pensée créative, de diversifier mes projets et de ressentir une grande liberté à le faire.
Si la créativité est l’une de mes qualités, l’entreprenariat n’a pour moi rien d’évident. J’adore créer et trouver de nouvelles inspirations mais développer un business n’est pas chose aisée. Je ne dois sûrement pas être la seule artiste dans ce cas d’ailleurs. Devenir entrepreneur c’est clairement changer de repères et s’installer dans un inconfort constant. C’est aussi avoir plusieurs casquettes et être confrontée à des imprévus. Il faut accepter que tous les projets ne se concrétisent pas forcément. J’ai été salariée pendant 10 ans alors si j’avais parfois l’impression que mon chemin professionnel devait se poursuivre ailleurs, je ne peux pas nier qu’il y avait une sécurité financière avec un cadre bien défini.
On est vite confronté à une réalité : l’obligation de se réinventer sans cesse. Créer pour faire face à une concurrence très rude. Cette réalité saute d’autant plus aux yeux qu’elle n’a jamais été aussi visible depuis que les réseaux sociaux sont devenus notre quotidien. Au-delà du fait que nous sommes baignés d’images, je prends vite conscience du nombre d’artistes qui exercent la même profession. Le métier change aussi avec l’ère du digital. La communication sur les réseaux sociaux est désormais indispensable. Que dois-je montrer pour susciter l’enthousiasme ? Comment créer son identité ? De quelle manière puis-je me différencier ? Faut-il être commercial pour vendre ? On se prend vite au jeu. Les réseaux sociaux sont désormais indispensables dans la vie d’un artiste mais ils poussent aussi à ce besoin de reconnaissance qui n’est globalement que fictif.
J’ai eu le sentiment de passer beaucoup trop de temps derrière mon écran entre la post-production, mon site et les réseaux. J’avais besoin de rebondir sur quelque chose de nouveau.
C’est à ce moment précis que j’ai fait la rencontre des gérants de l’Atelier53, une galerie qui expose des jeunes artistes. Je n’avais encore jamais exprimé l’envie d’exposer auparavant mais j’ai ressenti une connexion entre nos univers respectifs, notre vision de l’art et de l’esthétisme en général. Nos échanges m’ont suffisamment rassurée et motivée pour faire émerger cette idée.
Après réflexion, cette opportunité je l’ai donc prise comme un double challenge : trouver les mots justes pour partager ma sélection de 13 tirages et me sentir légitime pour la vendre (je crois que cette histoire de légitimité est le fléau d’un grand nombre d’artistes).
Ma démarche créative
Pour trouver un point de départ à ce nouveau projet, j’ai d’abord sélectionné 3 images. Elles ont été prises en 2018, au moment où j’ai commencé à m’intéresser réellement à la photographie. Cette pratique a changé beaucoup de choses dans ma vie, d’abord personnelles puis professionnelles. C’est le point de départ de nouveaux projets et de nouvelles envies. Je trouvais intéressant que cela marque ma première exposition photo. J’ai fait alors le choix de sélectionner un ciel très contrasté “Natural mystic” et deux photos d’architecture “Urbanités” et “La Vague”. C’est à travers ces images que j’ai commencé à créer mon univers photographique.
Ensuite, je tenais à présenter une image qui m’a marquée personnellement. Lors du premier confinement en mars 2020, pendant une balade j’ai levé la tête et j’ai observé un nuage, seul au milieu du ciel. J’ai trouvé qu’il illustrait parfaitement l’instant présent : ma solitude et l’inconnu. J’ai naturellement appelé cette image “Solitaire”.
Sur les 13 images à sélectionner, 4 étaient donc déjà produites. Il me fallait alors en réaliser 9 nouvelles.
L’idée était de sortir de Paris pour trouver de nouvelles sources d’inspiration. J’avais envie de travailler la photographie animalière dans la région de mon père, La Camargue. J’en ai un regard d’enfant par mes souvenirs mais je voulais l’immortaliser avec mon regard de photographe. J’ai redécouvert une faune et une flore riches et dépaysantes. Les flamants roses ont été mes sujets favoris car ils sont à la fois intrigants et somptueux. Avec mon travail autour du noir, je pouvais montrer une autre vision de ces animaux, quelque chose de plus menaçant et plus brut. J’avais alors créé mon premier triptyque “Dark Flamingo”.
Ensuite, je suis partie pour la première fois à Montpellier. De toutes les images que j’ai prises, j’ai gardé 3 photos de nénuphars. J’avais envie de raconter une histoire à partir de ces fleurs. J’ai alors formé mon deuxième triptyque : “Sweet apocalypse”. Je les ai placées de la façon suivante : 2 nénuphars puis 1 nénuphar puis 0. L’idée globale étant de se demander à quoi ressemblerait notre planète si aucun changement n’est réalisé sur nos modes de vie.
Je souhaitais aussi produire de nouvelles images d’architecture alors je suis partie au Havre. Cela faisait un moment que je voulais m’y rendre pour voir le site culturel “Le Volcan” construit par Oscar Niemeyer. Je suis très inspirée par le modernisme car j’aime ce côté à la fois épuré, graphique et très brut. Cet espace était donc le sujet idéal et je l’ai tout simplement intitulé “Volcano”. Une structure a également attiré ma curiosité : la sculpture de béton blanc UP3 réalisée par Sabina Lang et Daniel Baumann. Elle se trouve en plein milieu de la grande plage. L’environnement est très touristique mais en isolant cette structure, c’est un décor apocalyptique qui s’ouvre à moi. Un vrai décor de science-fiction. On oublie qu’on est en France ou même sur terre. En post-production j’ai voulu accentuer cette impression de désert et je l’ai appelé “Welcome to Mars”.
Cette aventure photographique a pris fin à La Baule. J’ai eu la chance de participer à un shooting hors du commun. Au bord de la mer avec 3 chevaux et une modèle. Un moment rare et intense. C’était également un défi à relever car nous avions très peu de temps devant nous pour réaliser ce shooting. J’ai sélectionné une image que j’ai appelée “Dualité”. Elle est l’illustration d’une relation complexe entre l’Homme et la Nature mêlant fascination, apprivoisement et domination.
J’avais la volonté de mettre en avant la noirceur qui se dégage d’un sujet même doux en apparence en proposant un travail autour de forts contrastes et du principe de dualité.
Le point commun entre ces photos ? La mise en valeur du noir que je considère comme une couleur à part entière. C’est à travers ce noir intense que j’exprime mes sentiments, mon regard subjectif sur ce qui m’entoure. L’idée du titre “Série Noire” pour ma première exposition me semblait évidente.
La finalisation de mon exposition
Une fois la partie artistique bouclée, il fallait donc penser à la production de mes tirages.
A cette étape de l’organisation, je prends vraiment conscience de tout le cheminement à parcourir pour finaliser cette exposition. C’est un travail personnel qui murit progressivement et qui s’accomplit avec un échange d’idées extérieures. Il faut rester ouvert pour proposer une version optimisée de son travail. Bien s’entourer est la clé pour faire murir un projet comme celui-ci.
J’ai abordé au tout début de cet article la galerie avec laquelle j’ai travaillé. Il est important de souligner le rôle des galeristes. Je ne connaissais clairement pas ce milieu en me lançant dans ce projet. Leur avis, leur connaissance de l’art et leur approche artistique m’ont énormément aidée. Avec eux, j’ai appris à fixer des prix, à mettre en valeur mes images et à les vendre. L’aspect humain n’est pas négligeable, j’ai eu l’impression d’avoir une deuxième maison pendant ces 10 jours d’exposition.
Il reste maintenant à appréhender le choix de l’imprimerie. Il faut trouver à la fois un partenaire qui puisse rester fidèle aux images mais aussi qui apporte un regard plus technique sur le travail réalisé. Pour moi, le choix était simple puisque je travaillais déjà avec Parisgraphie, une imprimerie parisienne. Nous avons choisi un papier et un support avec lesquels nous avions déjà fait des tests : le papier Baryta Hahnemule 315g contre-collé sur du Dibond. Un papier Fine Art qui valorise parfaitement l’intensité du noir et un support qui permet de ne pas vitrer mes images pour bien observer les contrastes.
Vient le moment le plus excitant d’une exposition, le vernissage. C’est convivial et satisfaisant de vivre des instants comme celui-ci. C’est aussi impressionnant pour une jeune artiste. Mon travail devient alors le centre de l’attention. J’apprends à dévoiler un bout de mon univers et de mon intimité. Il faut accepter de présenter une approche totalement subjective, qui ouvre forcément à des discussions et à des points de vue différents. Certains mettent l’accent sur la technique quand d’autres sont plus sensibles à l’esthétisme de l’oeuvre. Puis, les interprétations sont multiples. Tout le monde perçoit des choses très différentes et c’est ce qui fait tout l’intérêt d’une exposition.
Finalement, à travers cette expérience j’ai l’impression d’avoir découvert une nouvelle facette de ce métier.
Je suis très heureuse d’avoir présenté ce projet à mes proches et à des personnes venant d’horizons divers. C’était le meilleur exercice pour sortir de ma zone de confort et pour rebondir sur de nouveaux projets.
Triptyque Dark Flamingo, La Camargue, 2021
Triptyque Sweet Apocalypse, Montpellier, 2021
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